Doucement ralentir

 

Journal de bord, extrait

Et si …

Un jour on ouvrait un restaurant ? Les yeux plein d’étoiles, Emile nous lançait l’autre jour cette perche, et nous voilà tous à ajouter des idées, à étoffer ce projet sorti d’un moment de rien …

Quelle joie d’ouvrir ce rien en nous, de laisser le rien s’installer, se distiller, faire de l’espace pour laisser venir les idées, les inspirations, les messages qui viennent du fond du coeur …

Cette vie de nomade est pour l’instant l’occasion de faire ce vide en nous, de nous laisser inspirer par ce que nous vivons, ce que nous sentons, les gens que nous rencontrons.

La Terre de la Nouvelle Zélande est pleine de cette énergie du Feu. Assis sur des volcans, nous sentons chez nous et les enfants – en particulier Elliot ! – à quel point la force du lieu nous active.  Il y a cette tentation de tomber dans des envies touristiques en nous questionnant sur ce que l’on pourrait faire, ce que l’on pourrait découvrir. Et il y a cette envie plus profonde qui s’installe, de sentir ce qu’il y a à faire quand les évidences sont là, et seulement quand elles sont là.

Nous avions l’autre jour l’intuition d’aller en direction d’un phare très célèbre parce qu’il est le point le plus à l’est de la Terre. C’est de là bas que l’on peut voir le soleil se lever en premier sur la planète. Nous n’avions pas spécialement envie de nous lever à 6h du matin pour y aller, mais nous y allions. En arrivant dans la région, Markus a soudain bifurqué pour aller en direction de ce phare. Sur la route, notre évidence : un arbre de 350 ans qui nous a touché au coeur… c’est tout ce que nous avions à trouver là. Notre coeur avait compris cet appel.

Ce même jour nous avons trouvé un joli petit coin de verdure pour dormir et là, au grand plaisir des enfants, une autre famille de locaux était là aussi. Les petits ont passé l’après-midi à jouer ensemble.

Nous étions bien là-bas, mais nous sentions qu’il était temps de partir le lendemain. Et pourtant nous n’avions pas de plan… Me voilà à farfouiller, chercher des options. Sans grande conviction, nous décidons de rester sur place faute de quelque chose d’évident.

Et puis de fil en aiguille, nous sympathisons avec les parents des enfants voisins qui partent le jour même, et soudain voilà que le plan devient clair : nous allons les suivre et continuer ce temps de partage que petits et grands apprécient. Nous prenons donc la route avec ces nouveaux amis, Emile et Anouk choisissent même de faire la route dans leur véhicule !
Nous avons passé les prochaines 24h dans un bain d’anglais, à partager de magnifiques échanges avec des gens qui nous ressemblaient finalement beaucoup. Quel bonheur de se laisser porter par cette vague de vie!

Je sens que mon mental a besoin d’avoir la vision des 2-3 prochains caps pour se sentir tranquille, et en même temps j’apprends tellement à garder ces fenêtres de possible ouvertes, celles où l’on a assez de marge de manoeuvre pour saisir les opportunités. En suivant la voie de notre coeur, nous nous sentons grandir.

En restant à l’écoute de cette voie je sens comme je peux rester rassemblée et éviter de me disperser dans les mille opportunités que nous rencontrons. Je sens aussi qu’en installant ce calme à l’intérieur,  nos enfants se canalisent de plus en plus d’eux-mêmes. Ils ont de moins en moins besoin de jouets et de divertissements et passent des heures à se construire des cabanes, à creuser des trous ou à empiler des cailloux… Les enfants ont la simplicité encore collée au corps. Comment ne pas suivre leur exemple quand je vois l’émerveillement dans leurs yeux à contempler un coquillage ou un oiseau ?

En libérant mon cerveau de la charge mentale que je portais dans un style de vie qui allait vite et qui était très rempli, je perdais si vite cette faculté à m’émerveiller de simplicité. J’aime ce retour à l’essentiel dans mon quotidien qui me permet ce retour à l’essentiel vers mon coeur, ce guide qui a toujours un coup d’avance.

Je vous envoie mille pensées, en admirant devant moi l’océan scintiller.