Quand la tête lâche


Journal de bord, extrait

Le voyage que nous vivons, est éphémère, nous le savons. Et pourtant il y a clairement cette sensation que nous imprimons en nous une nouvelle couleur, une trace indélébile, une dimension inoubliable.

Nous avons en ce moment la sensation d’entrer dans une phase de récolte. Les rencontres, les lieux, les évènements viennent doucement, par petites touches, nourrir la vision du projet que nous créons pour l’après. Un pas après l’autre, les pièces du puzzle s’étalent devant nous.

La première étape de ce périple semble avoir été celle du lâcher-prise : laisser partir le connu, lâcher les certitudes, se ressourcer en profondeur en prenant le temps de se ré-harmoniser. Sans rien faire, être plutôt que faire.

Et puis à force de patience, à force de temps, à force d’autoriser nos corps à se laisser bercer dans les bras de la Nature, doucement, la tête, le mental, le contrôle lâchent.

Jusqu’à présent nous décidions de nos étapes assez spontanément, en étant le plus possible à l’écoute de nos intuitions. Mais ces dernières semaines, tout se déroule sans même un effort. C’est comme si les rencontres, les lieux, les découvertes venaient à nous.

Nous venons de passer plus d’une semaine accueillis dans une famille formidable, les Dale : 4 enfants pétillants, une femme généreuse et son homme au grand coeur. Ils nous ont accueillis comme des rois, nous ont intégrés à leurs aventures quotidiennes. Les enfants n’ont pas arrêté de courir en tous sens, d’explorer, de partager. Nous avons partagé la récolte du miel et l’apprentissage de la vie des ruches, la baignade à la rivière et aux bains chauds, les câlins avec les poussins, la recherche des oeufs de poule, les tours de quad et de moto, une session de surf, et même une conférence sur la nutrition, quelle abondance, quelles rencontres…

La famille Dale a fait le choix de l’instruction en famille, une pratique assez commune et facile en Nouvelle-Zélande. Ils nous ont beaucoup inspiré. A voir leurs petits et leurs ados si épanouis et bien dans leurs têtes, et à voir comme Emile se métamorphose au cours de ce voyage… ça fait réfléchir, sérieusement.

Et puis la route nous appelait, les jours ont filé et tout à coup je repensais à un contact établi via Facebook à notre arrivée avec une autre femme du réseau néo-zélandais des “unschoolers” – enfants déscolarisés. En 2 temps 3 mouvements, nous avions convenu que nous étions accueillis chez elle le lendemain, et que nous étions les bienvenus pour venir visiter l’école dans laquelle elle travaille : la Deep green bush school. Cette école est établie sur le principe des écoles démocratiques : les enfants choisissent ce qu’ils veulent apprendre et quand ils veulent le faire. La Deep Green Bush School rajoute le lien à la nature, les enfants sont toujours dehors, toute l’année, 6h par jour. Voilà quelques pépites de plus installées dans nos coeurs.

Hier dernière surprise, en dernière minute alors que nous étions encore à Auckland dans l’après midi, que nous pensions prendre la route pour quitter la ville mais que les enfants commençaient à fatiguer, nous décidions spontanément de revenir sur le lieu de notre premier rbnb à notre arrivée en NZ. Nous n’avions plus le numéro de téléphone et décidions d’y aller directement, pour demander si nous pourrions passer la nuit là avec le camion. Quel accueil ! Nous sommes ici chez nous, accueillis aussi longtemps que nous le souhaitons ! Les enfants adorent la logeuse, ils jouent avec elle et elle les couve du regard. En prime nous retrouvons même un petit groupe de voyageurs français adorables que nous avions rencontré il y a 2 mois … là encore, quelle abondance…

Je n’ai rien à faire, j’ai à être, à lâcher, à laisser faire. Et quand je suis là, tout est simple, évident, riche.

En dedans, et en dehors.

Un pas après l’autre, nous avançons dans ce voyage en famille, et nous laissons grandir cet espace de tous les possibles dans nos coeurs. Simplicité, spontanéité … en avant !